Monument incontournable, si ce n’est même le plus connu d’Italie, la tour de Pise attire chaque année des milliers de touristes à travers le monde : rien que pour l’année 2017, les chiffres montrent qu’elle a attiré à elle seule environ 1,2 million de visiteurs.
Mais d’après les chercheurs, celle qui intrigue tant par son inclinaison inhabituelle et son architecture d’une beauté inégalable n’est plus vraiment ce qu’elle était auparavant : en effet, la communauté scientifique s’accorde aujourd’hui à dire qu’elle serait légèrement moins penchée qu’avant…
Une inclinaison qui date de plusieurs siècles aujourd’hui
Située en Toscane, une région du centre-ouest de l’Italie, la tour de Pise a été bâtie pendant près de 2 siècles, de 1173 à 1372 et était normalement destinée à être le clocher de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise.
Seulement, dès l’achèvement des trois premiers paliers, les architectes ont constaté qu’elle penchait : n’y prêtant pas attention, ils ont alors pensé qu’ils pourraient facilement la rattraper en continuant à construire la tour en diagonale pour faire contrepoids, et ainsi l’obliger à se redresser.
De toute évidence, ce n’est pas ce qui est arrivé lorsqu’une fois achevée, dans la deuxième moitié du 14e siècle, le degré d’inclinaison de la tour de 56 mètres de hauteur était estimé à plus de 1,47 degré.
Plus étonnant encore, ce chiffre n’a cessé d’augmenter au fil du temps, si bien qu’en 1993, il a atteint les 5,5 degrés, ce qui équivaut à une oscillation de 4,5 mètres par rapport à la verticale : selon les experts, cet affaissement exceptionnel serait dû à des fondations peu stables et un terrain inapproprié, car trop argileux.
Pourtant, contre toute attente, la tour de Pise a survécu à plusieurs tremblements de terre particulièrement violents.
Mais devant une telle déclivité, les autorités italiennes n’ont eu d’autre choix que de fermer l’édifice aux visiteurs pour des raisons de sécurité au début des années 1990, les risques d’écroulement et d’accidents étant bien trop importants…
Un redressement forcé, mais pas moins nécessaire
S’en est alors suivi un plan de redressement qui a duré 12 ans, durant lesquels architectes, géologues et ingénieurs du monde entier ont travaillé d’arrachepied pour rendre à la tour de Pise la stabilité qu’elle mérite, sans pour autant la dénaturer et la rendre parfaitement droite. Bien que la mission soit hautement délicate, tout porte à croire que leurs efforts ont porté leurs fruits : « Ce qui compte le plus, c’est la stabilité du clocher, qui est meilleure que prévu », déclare le Professeur de géotechnique qui a participé au projet de redressement Nunziante Squeglia.
Pour y parvenir, le gouvernement italien a entamé des travaux et employé des équipes de professionnels qui lui ont coûté près de 30 millions d’euros : entre 1990 et 2001, la tour avait déjà réussi à récupérer 45 cm grâce à une extraction de 70 tonnes de terre sous le monument et un renforcement des fondations bancales avec du béton et du plomb.
« Si nous n’étions pas intervenus, la tour se serait effondrée entre 2030 et 2040 », avait affirmé l’archéologue et Président du comité pour la sauvegarde de la tour de Pise Salvatore Settis.
Mais ce qui est surprenant, c’est que même si les travaux sont terminés depuis bientôt 20 ans, elle ne cesse de se redresser lentement, et ce, sans aucune intervention humaine : entre 2001 et aujourd’hui, la tour de Pise s’est encore relevée de 4,5 cm.
Espérons qu’elle se stabilise définitivement et que nous puissions continuer à admirer son inclinaison singulière encore longtemps…