Plate ou oblongue puis aplatie aux deux pôles, l’image que l’on se fait de la Terre a beaucoup évolué au cours de l’Histoire. Aujourd’hui — grâce aux photos de la Terre prises à partir de l’espace —, nous pouvons nous accorder à dire qu’elle est sphérique voire un chouia ovale (même si des « platistes » se trouvent encore parmi nous).

Mais nous ne sommes pas là pour débattre de si la Terre est parfaitement sphérique, plutôt en forme d’œuf ou totalement plate. Il s’agira de se questionner sur l’authenticité des cartographies actuelles. Et vous serez probablement surpris de voir à quel point ces planisphères déforment la réalité…

Le modèle de carte géographique le plus populaire est celui issu de la projection de Mercator que nous retrouvons éventuellement sur les manuels scolaires et dans Google Maps. Malgré le fait que celui-ci représente assez fidèlement la forme des continents et qu’il facilite grandement la navigation en mer, des critiques légitimes lui sont attribuées par rapport à sa représentation altérée des dimensions.

Alors pourquoi tromperie ? En vérité, c’est une simple question de géométrie. Tandis que la projection de Mercator donne l’impression que l’Afrique et le Groenland ont approximativement le même gabarit — l’Afrique est en fait 14 fois plus grande que le Groenland. S’ils paraissent aussi approchants sur une carte, c’est parce qu’une sphère n’est pas ce que les mathématiciens appellent une surface développable ou qui peut être aplatie sur un plan sans être déformée. Pour qu’un cartographe place le globe sur une surface plane, des sacrifices se feront inévitablement..

Wikimedia

Dans le cas de la projection de Mercator, les dimensions sont donc sacrifiées pour pouvoir maintenir la précision de la boussole. Autrement dit, la carte exagère la taille des pays à mesure qu’ils se rapprochent des pôles, tout en maintenant la direction nord-sud et est-ouest entre deux points pour faciliter la navigation.

D’autres cartes peuvent montrer des tailles plus réalistes, mais faire des compromis en termes de continuité ou de distance. Même l’utilisation d’un globe a ses inconvénients : on ne peut pas voir tous les pays à la fois et cela vous oblige à mesurer la distance en arcs plutôt qu’en lignes droites.

Une des cartes les plus réalistes à ce jour a été proposée par l’architecte japonais, Hajime Narukawa, à partir d’une carte de 1946, la projection de Fuller. L’idée était de reproduire ce modèle, mais sous forme rectangulaire. C’est ce qu’on appelle la carte du monde AuthaGraph. Pour arriver à ce résultat, Narukawa a divisé le globe en 96 triangles pour en faire un tétraèdre, une sorte de pyramide triangulaire, qu’il a ensuite déplié pour en faire un rectangle.

Projection de Fuller/Wikimedia

Ce planisphère est celui qui respecte le mieux les rapports de grandeurs entre les masses continentales tout en préservant leurs formes. Il permet aussi de prendre toute la mesure de la taille de nos océans qui eux aussi deviennent un poil plus imposants quand on rend sa taille réelle à la Terre. Narukawa admet tout de même que sa carte n’est pas encore tout à fait exacte, car certaines régions restent légèrement déformées.

Si cela vous intéresse, vous pouvez consulter cet outil en ligne (The True Size) permettant de faire glisser différents pays sur une carte avec leurs tailles qui change en fonction de ce que l’on compare.


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