Le mythe des 37℃ : Pourquoi tout ce que vous pensez savoir sur la température du corps est un mensonge

Il est connu depuis très longtemps que la température moyenne du corps humain est de 37°C, mise au point et appliquée par la médecine qui en a fait une base de comparaison.

Mais aujourd’hui, cette moyenne et peut-être révolue grâce à de nouvelles recherches, qui viennent remettre en cause cette certitude médicale à l’aide de technologies de pointe.

La nouvelle moyenne pourrait bien vous permettre d’avoir un congé maladie plus simplement !

Les origines du 37°C que l’on connaît tous

La moyenne de température qu’on connaît aujourd’hui qui équivaut à 37°C remonte à l’époque de Carl Reinhold August Wunderlich, directeur de l’hôpital Universitaire de Leipzig.

En 1851, ce médecin allemand a voulu comprendre le rapport de la température corporelle, afin de mieux prendre en charge les cas de fièvres qui se présentaient à cette époque-là. Il a alors utilisé un appareil imposant qui permettait d’enregistrer la moyenne de température sous les aisselles des patients, sauf qu’il fallait quasiment 20 minutes à chaque prise pour que l’appareil se stabilise et affiche un chiffre approximatif.

Il a ainsi été le premier médecin à enregistrer la courbe de température des patients sur leur fiche médicale, ce qui lui a permis de faire des constatations et déduire une moyenne de température pour l’être humain. L’équipe de Wunderlich a pris la température de plus de 25 000 patients sur plusieurs années, enregistrant ainsi des millions de lectures.

En 1868 est paru un ouvrage qui regroupe toutes les données recueillies et l’étude faite par Wunderlich et son équipe, intitulé “Das Verhalten der Eigenwarme à Krankheiten” (sur la température dans les maladies : Un manuel de thermométrie médicale ). Mais la découverte la plus significative qui a changé la médecine était la moyenne de température corporelle qu’il a avancée, et qui équivaut à 37°C. Il a aussi été le premier médecin à déclarer que la fièvre était un symptôme et non pas une maladie en soi.

Depuis près de 140 ans, personne n’a contesté cette moyenne qui est même une référence dans les examens médicaux, ainsi que la mise en place des diagnostics de fièvre. Mais aujourd’hui, une nouvelle étude va peut-être tout changer.

Quapan. Flickr.

De nouvelles déductions, et une avancée pour la médecine

C’est en 1992 que l’interniste Philip Mackowiak – Professeur de médecine à l’Université du maryland – et son équipe ont entrepris de nouvelles recherches au sujet de la température corporelle humaine.

Cette recherche a été entreprise après que le Pr. Mackowiak a pu observer le fameux appareil qui a servi à Wunderlich comme référence pour ses études, au Mutter Museum de Philadelphie. Il a ensuite eu l’opportunité et l’accord du musée pour l’emprunter le temps d’effectuer quelques tests avec, et les résultats étaient loin d’être concluants,  car il s’est avéré que l’appareil était très lent et instable, ce qui remettait en cause la véracité de ses résultats.

L’équipe a alors entrepris une nouvelle étude sur un échantillon de 148 personnes, regroupant des hommes et des femmes âgés de 18 à 40 ans. Ils ont par la suite fait l’objet de 700 lectures à divers moments de la journée, à l’aide de thermomètres buccaux modernes et d’une taille normale. Les résultats n’ont pas reflété la moyenne de Wunderlich, mais il a été question d’une nouvelle estimation d’environ 36,7°C.

Il est aussi important de noter que la température du corps change d’un moment à un autre de la journée, et peut passer de 36,4°C à six heures du matin, à 36,9°C à six heures de l’après-midi. La température est considérée comme normale jusqu’au seuil de 37,5°C.

Il y a une raison logique qui fait que notre température ne garde cette variation qui oscille entre 36,7 et presque 37°C, car, en tant que mammifères endothermes, nous consommons de l’énergie afin de réguler la température du corps. Chose possible grâce aux capteurs nerveux qui collectent les données sensorielles et indiquent si on a trop chaud ou froid. Des signaux sont envoyés à l’hypothalamus, qui agit sur le métabolisme afin de stabiliser la température ( provoquer la transpiration en cas de forte chaleur, ou contracter les vaisseaux et provoquer des frissons en cas de froid ).

Selon une étude récente effectuée par Aviv Bergman et Arturo Casadevall, et publiée sur la revue mBio, le point d’équilibre idéal pour la température corporelle est celui qui permet à l’organisme de lutter contre les maladies fongiques. Même si les métabolismes à sang chaud ne soient sujets à des infections bactériennes ou virales, ils sont rarement atteints par des champignons.

Casadevall en déduit que cette particularité thermique est la raison qui a fait pencher les échelles de Darwin en faveur des mammifères, et leur a permis de perdurer après l’extinction Crétacé-Tertiaire.

Il est important de savoir que le corps humain ne peut supporter une température de 10° plus chaude que la moyenne, ou 20° plus froide, ce qui pourrait entraîner une mort certaine. Cependant, il existe des exceptions qui confirment la règle, comme le cas de Willie Jones à Atlanta qui a survécu à une fièvre de 46,7°C. Karlee Kosolofski, alors âgée de 2 ans à fait une hypothermie après avoir passé 5 heures dehors dans le froid glacial canadien. Elle avait à peine 14°C de température quand on l’a retrouvée, et fort heureusement elle s’en est sortie.