Animaux

Des phoques ne cessent d'avoir des anguilles coincées dans le nez, et personne ne sait pourquoi

Durant l’été 2018, un phoque a été retrouvé à Hawaï avec une anguille coincée dans le nez : tandis que la photographie (qui n’est apparue sur Internet qu’au début du mois de décembre, mais qui est très rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux) a fait rire des milliers d’internautes à travers le monde, les experts animaliers quant à eux ne sont pas du tout de cet avis.

En effet, même si l’on pourrait penser qu’il s’agit d’un accident malencontreux, la réalité veut que ce phénomène, aussi étrange soit-il, arrive malheureusement bien plus souvent qu’il n’y paraît…

Un phénomène beaucoup moins rare que l’on ne croit

Mise en ligne sur le compte Facebook du Hawaiian Monk Seal Research Program, une organisation gouvernementale qui lutte pour la préservation des phoques moines d’Hawaï, la photographie en question montre un jeune phoque dont le nez est littéralement bloqué par un poisson serpentiforme qui pend le long de son visage.

« Les lundis… ça n’en a peut-être pas été un bon pour vous, mais c’est toujours mieux que d’avoir une anguille dans le nez. Nous avons maintenant trouvé des phoques juvéniles avec des anguilles coincées dans le nez à plusieurs occasions. Dans tous les cas, l’anguille a été enlevée avec succès et les phoques vont bien. Les anguilles, cependant, beaucoup moins. » peut-on lire sur le message qui accompagne ledit post.

En effet, d’après le chercheur principal de l’organisation hawaiienne Charles Littnan, il s’agit du quatrième phoque moine qui se retrouve dans cette situation particulièrement gênante en l’espace d’à peine deux ans : « Nous ne savons pas s’il s’agit simplement d’une étrange anomalie statistique ou si nous en verrons davantage à l’avenir » déclare-t-il, inquiet de voir le nombre de cas augmenter au fil du temps.

Hawaiian Monk Seal Research Program, Facebook

Un mystère qui suscite l’interrogation des scientifiques

La mésaventure de ce phoque moine hawaïen et de ses compères a beau être un mystère pour les éthologistes locaux, plusieurs théories tentent de l’expliquer malgré tout.

Ainsi, il est fort probable que ce triste incident soit tout simplement la conséquence du mode de chasse du phoque moine : connu pour se nourrir principalement de poulpes, de crustacés et de divers autres poissons, dont des anguilles, il ne se sert que de sa tête pour attraper ses proies.

Partant du principe que le jeune phoque, qui se veut moins expérimenté que ses aînés, ait essayé de gober la créature anguilliforme avec sa gueule, celle-ci, prise de panique à la vue de son prédateur, a très bien pu se loger dans son nez pour se protéger ou fuir, confondant alors les cavités nasales du mammifère marin avec un abri rocheux.

Pour d’autres zoologistes, il se peut qu’après l’avoir avalé, le phoque ait eu besoin de la régurgiter : en voulant l’expulser de son organisme, l’anguille a probablement emprunté involontairement le mauvais chemin avant de se glisser dans une des narines du phocidé.

Quant au Professeur Littnan, il pense qu’il ne s’agit en fait que d’une forme (dangereuse) d’imitation sociale : « cela ressemble à l’une de ces tendances chez les adolescents. Un jeune phoque a fait cette chose très stupide et maintenant les autres essaient de l’imiter » affirme-t-il.

Quoi qu’il en soit, espérons que les phoques moines feront plus attention à l’avenir, car même si les quatre victimes d’anguilles ont toutes été sauvées sans trop de difficulté, il faut savoir qu’elles sont actuellement classées comme espèce fortement menacée de disparition.