Animaux

Ces lézards africains utilisent différentes stratégies de survie pour déjouer le même type de prédateurs

La survie d’une espèce dépend essentiellement de sa capacité ainsi que de celle de sa progéniture à se reproduire et à résister aux différentes contraintes de la vie sauvage, comme la prédation. Selon le principe de la sélection naturelle, seuls les individus les mieux équipés peuvent y parvenir. Et heureusement, il y en a de plus en plus.

Curieusement, deux espèces de reptiles étudiées pendant un certain temps en Namibie utilisent des méthodes particulièrement opposées pour échapper au même ennemi.

La plus grande des deux ; Agama planiceps, préfère évoluer en groupes dans la savane rocheuse. Sa particularité réside dans son aspect très coloré. Avec un corps violet vif, la tête, la gorge, et la queue rouge orange vif, les mâles sont également des protecteurs féroces de leur territoire en période de reproduction. Les femelles ont, quant à elles, la tête tachetée de jaune et un corps noir.

Par contre, Agama aculeata aime plutôt la vie discrète en solitaire dans les régions plates et sablonneuses de la savane. Les couples aculeata sont connus pour être monogames. Alors que les mâles prennent une couleur bleu foncé, leurs compagnes virent vers le bleu clair au niveau de la tête, avec tes taches brunes sur leur tronc lorsqu’elles attendent « des petits ».

Agama aculeata male et femelle. Alastair Rae/Wikimédia Commons. CC BY-SA 2.0.

Ces deux espèces d’agamidés d’Afrique se comportent et se reproduisent de manière tout à fait distincte l’une de l’autre et cela est dû, selon les experts, à l’évolution des prédateurs eux-mêmes.

Les chasseurs les plus redoutables dans ce milieu sont la mangouste jaune et la crècerelle des rochers. Chaque rencontre entre ces créatures et leurs proies laisse une marque visible sur leurs queues signifiant qu’elles ont réussi à les déjouer.

En se penchant sur le sujet, les chercheurs ont déduit que le planiceps d’Agama subit une pression beaucoup plus forte que l’Agama aculeata. Bien que les femelles planiceps soient plus grandes que celles d’aculeata, sa couvée est largement inférieure à celle de son homologue, et ses œufs plus gros donnent évidemment naissance à des bébés aussi potelés.

Toutes ces caractéristiques séparant les deux races font qu’elles développent des stratégies dissemblables pour se défendre.

Agama aculeata nageant. Charles J Sharp/Wikimédia Commons. CC BY 4.0.

D’un côté, les planiceps sont protégés par la prudence collective et les aculeata comptent davantage sur le camouflage pour se mettre à l’abri. D’un autre côté, la taille des planiceps leur permet d’avancer à grands pas et d’échapper aux intrusions inattendues en courant plus vite. N’oublions pas que le planiceps fertilise plusieurs femelles à la fois, multipliant ainsi ses chances de perpétuer ses gènes et que les aculeata sont moins exposés au danger, car ils se déplacent très peu, à cause de leur mode de vie plus rangé.

Portant un nombre plus limité d’œufs, la femelle planiceps court plus vite et esquive facilement son ennemi, ses petits également. Ce qui n’est guère le cas des aculeata dont les jeunes éclos plus petits et moins actifs ne sont pas très faciles à identifier, loin de là.

À la lumière de ces nouvelles données, les spécialistes estiment que la prédation est bien à l’origine des techniques d’auto défense et de reproduction chez les deux types de reptiles.